
La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est un sujet que beaucoup d’entreprises abordent avec difficulté, méfiance, voire un rejet total. Il faut dire que ce terme, mal compris et souvent mal présenté, n’oriente pas les dirigeants vers les bonnes questions. Il n’aide pas à appréhender les contours et objectifs réels d’une stratégie RSE, encore moins à envisager les bénéfices concrets qu’elle peut apporter à une organisation. Pire, c’est un sujet « à la mode ». , ce qui finit par être totalement pernicieux et fait encourir le risque d’un désintérêt pour un sujet finalement central dans nos vies.
À cela s’ajoute une communication parfois contre-productive : un véritable foisonnement de labels, normes et discours anxiogènes. On parle de CSRD, de double matérialité, de taxonomie, de bilan carbone, de Scope 1, 2, et 3, comme s’il s’agissait d’une évidence pour tous. Sans oublier les plateformes en ligne promettant des solutions miracles pour rendre votre entreprise « verte » en quelques clics. Résultat : une confusion généralisée.
Bref, rien de très engageant…
Alors ? que faut-il faire ?
Peut-être prendre le temps de regarder les choses avec un peu de recul. Parce que la RSE n’est pas ce qu’elle dit… Que constatons-nous ?
Premier constat : vous avez le droit d’être sceptique.
Personne ne vous oblige à faire de la RSE votre priorité absolue. Les labels ne sont pas une obligation, la CSRD ne concerne qu’une minorité d’entreprises, et les politiques de développement durable restent avant tout basées sur le volontariat. En d’autres termes : vos convictions, vos choix sont prédominants.
Deuxième constat : votre entreprise ne va pas s’effondrer sans RSE.
Il y a fort à parier que vous menez déjà, sans le savoir, des actions alignées avec les principes de la RSE. Et c’est là tout l’intérêt : la RSE, ce n’est pas un « extra », mais une façon d’organiser et de valoriser des pratiques souvent déjà en place.
Alors pourquoi prendre le sujet au sérieux, même quand on est une PME ou une ETI ?
Parce qu’au-delà des discours vertueux, la RSE est un levier direct d’efficacité, de performance et de rentabilité.Certains diront : « Quel rapport entre rentabilité et développement durable ? » Le lien est pourtant évident. Les objectifs de performance économique et ceux du développement durable sont intrinsèquement liés.
Les entreprises engagées sont plus rentables.
Une méta-analyse publiée dans la revue Journal of Sustainable Finance & Investment (2015) a analysé 200 études sur le lien entre RSE et performance financière. Résultat : 90 % des études montrent une corrélation positive ou neutre, indiquant que les entreprises engagées dans la RSE ne sacrifient pas leur rentabilité et en tirent souvent des bénéfices. Selon Harvard Business Review, les entreprises adoptant des pratiques RSE ont une meilleure résilience financière face aux crises, notamment grâce à des relations de confiance avec leurs parties prenantes.
Deux exemples parmi tant d’autres : Patagonia, marque de vêtement a développé toute sa stratégie autour des principes de la RSE. En France, Valrhona, entreprise de chocolat repose sa réussite dans une démarche forte autour des engagements qu’elle prend, en particulier avec ses fournisseurs de cacao. Je vous invite à aller lire son rapport RSE. C’est un modèle du genre. Elle se situe aujourd’hui dans les 20% les plus rentables de son secteur. (https://www.valrhona.com/fr-FR/une-marque-engagee/nos-engagements/notre-mission)
Ce n’est pas une incantation ou une vue de l’esprit… Cela peut surprendre, mais c’est une réalité étayée par de nombreuses études, la RSE engage la performance et l’efficacité. Et c’est ce que toute entreprise normalement constituée cherche à obtenir. Lorsqu’une stratégie RSE est bien pensée et alignée avec les objectifs globaux, elle devient un véritable levier de rentabilité à moyen et long terme dont voici quelques exemples :
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- Optimisation des coûts : réduire les déchets, améliorer l’efficacité énergétique, ou optimiser l’usage des ressources génère des économies mesurables.
- Fidélisation des clients et des talents : un engagement sincère attire des consommateurs loyaux et motive vos collaborateurs, réduisant ainsi les coûts liés au turnover.
- Réduction des risques : anticiper les changements réglementaires et renforcer votre résilience face aux crises vous protège des coûts inattendus.
La démarche est simple !
La RSE n’est pas une montagne infranchissable. Pensez à M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir : vous menez sûrement déjà des actions RSE sans les structurer. C’est ici que réside la simplicité de la démarche : elle s’appuie sur un cadre clair, comme celui de l’ISO 26000, qui propose 7 grands thèmes. Rien ne vous oblige à tout mettre en œuvre, mais structurer vos efforts apporte des résultats concrets.
Les conditions pour réussir sa stratégie RSE sont simples parce que vous les connaissez déjà…
1. Faire un audit initial
Posez un diagnostic honnête : où en êtes-vous ? Quelles actions avez-vous déjà mises en place ? Cela permet d’évaluer votre maturité RSE et d’identifier vos forces à travers vos valeurs et votre ADN.
2. Dialoguer avec vos parties prenantes
Engagez une discussion avec vos collaborateurs, fournisseurs, clients, syndicats, et pouvoirs publics. Que pouvez-vous améliorer ensemble ? Que ce soit la réduction des émissions de CO₂, l’éco-conception de produits, ou l’inclusion des personnes en situation de handicap, le dialogue transforme vos relations de négociation en véritables partenariats.
3. Construire un plan d’actions avec des outils de mesure
Fixez-vous des objectifs clairs et concrets. Intégrez des indicateurs pour mesurer vos progrès, ajuster vos actions si nécessaire, et valoriser vos réussites.
4. Communiquer avec authenticité
Parlez de vos engagements de manière transparente et réaliste. Ce n’est pas grave si tout n’est pas parfait. L’important, c’est d’être sincère dans vos démarches et d’expliquer vos progrès.
5. Adopter une démarche d’amélioration continue
La RSE n’est pas un projet avec une fin. C’est une dynamique. Rebouclez régulièrement pour évaluer vos résultats, corriger le tir, et progresser.
Conclusion : repenser la RSE comme un levier stratégique. La RSE n’est ni un effet de mode ni une contrainte insurmontable. C’est un outil stratégique pour les entreprises cherchant à allier performance économique, durabilité et résilience. En structurant vos actions avec pragmatisme, en fixant des objectifs mesurables et atteignables, et en communiquant de manière authentique, vous transformez ce qui semble être un obstacle en une opportunité.
c’est avant tout une question de bon sens et de vision d’entreprise.